Alors que les cyberattaques se multiplient et que la réglementation évolue à vitesse grand V, l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information (ANSSI) en France a dévoilé son Plan stratégique 2025-2027. Ce document, qui définit les grandes orientations en matière de cybersécurité pour les prochaines années, met en lumière des enjeux qui résonnent aussi au Québec.
Avec un accent sur la massification des menaces, la gouvernance étatique de la cybersécurité, l’innovation technologique et les enjeux sociétaux, ce plan pourrait bien inspirer les autorités québécoises et canadiennes.
Amplifier et coordonner la réponse cyber : une priorité mondiale
L’un des constats clés de ce plan est la nécessité d’une réponse structurée face à l’augmentation des cyberattaques. L’ANSSI prévoit de renforcer la gouvernance de la cybersécurité en travaillant de concert avec les institutions étatiques et les acteurs du secteur privé.
Au Québec, on observe déjà une tendance similaire avec la mise en place du Ministère de la Cybersécurité et du Numérique (MCN), qui vise à protéger les infrastructures critiques et les données sensibles des citoyens. Toutefois, des investissements supplémentaires dans la protection des systèmes d’information du gouvernement seraient nécessaires pour répondre aux défis de demain.
Le passage à l’échelle : un enjeu clé pour le Québec
Avec l’adoption de nouvelles réglementations européennes comme NIS 2 et le Cyber Resilience Act (CRA), l’ANSSI se voit confier de nouvelles missions de supervision et de contrôle. L’agence veut ainsi simplifier les règles et offrir des services plus accessibles, notamment via des audits automatisés et des formations en ligne.
Le Québec pourrait s’inspirer de cette approche en développant des outils de cybersécurité plus accessibles aux PME et aux administrations publiques. Un portail unique dédié aux menaces numériques, regroupant conseils, formations et ressources en cybersécurité, pourrait être une avancée majeure pour les entreprises et les municipalités québécoises.
Innovation et expertise : du post-quantique à l’intelligence artificielle
L’ANSSI met également l’accent sur l’innovation en annonçant un plan de transition vers la cryptographie post-quantique, un domaine crucial pour sécuriser les données sensibles face aux futures menaces liées aux ordinateurs quantiques.
De son côté, le Centre d’expertise en cybersécurité du Québec et les universités québécoises travaillent déjà sur des projets liés à l’IA et à la protection des infrastructures critiques. L’enjeu sera de maintenir un niveau de recherche compétitif et d’attirer les talents dans un marché où la pénurie de main-d’œuvre en cybersécurité se fait de plus en plus sentir.
Une cybersécurité plus responsable et inclusive
Un élément surprenant du plan stratégique de l’ANSSI est son engagement envers les enjeux sociétaux et environnementaux. L’agence souhaite intégrer des pratiques durables et favoriser la diversité dans le secteur de la cybersécurité.
Au Québec, cette réflexion prend de l’ampleur, notamment avec des initiatives visant à former plus de femmes et de minorités sous-représentées dans le domaine technologique. L’enjeu environnemental est également présent, alors que de plus en plus d’entreprises cherchent à réduire l’empreinte carbone des infrastructures numériques.
Le Québec, prêt pour un plan stratégique en cybersécurité?
Le plan de l’ANSSI met en évidence des défis et des solutions qui dépassent largement les frontières françaises. Le Québec, qui s’est doté de son propre ministère de la Cybersécurité, pourrait s’inspirer de ces orientations pour bâtir une stratégie encore plus ambitieuse.
Avec la montée en puissance des cybermenaces, la nécessité d’une gouvernance forte et l’importance de l’innovation, les prochains mois seront décisifs pour la cybersécurité québécoise. Reste à voir si les investissements suivront cette volonté d’adaptation à un monde numérique en constante évolution.
